Lettre ouverte au ministre Marc Miller

Monsieur le Ministre,

Au nom de Collèges Ontario, je vous fais part, par la présente, de notre vive opposition à la décision du gouvernement fédéral de mettre fin à l’octroi automatique de permis de travail aux étudiantes et étudiants étrangers qui fréquentent les collèges publics de l’Ontario. Nous apprécions l’objectif politique d’améliorer l’alignement des programmes d’études sur les besoins du marché du travail. Cependant, la mise en œuvre de cette politique compromet en fait la capacité de l’Ontario à répondre aux besoins pressants du marché du travail.

Parmi leurs nombreuses contributions à la main-d’œuvre de l’Ontario, notons que les collèges publics de l’Ontario :

  • comptent plus de 20 000 étudiantes et étudiants actuellement inscrits en soins infirmiers;
  • diplôment 50 per cent des étudiantes et étudiants de premier cycle en STIM de l’Ontario; et
  • constituent la plus grande réserve de talents dans le domaine des métiers spécialisés.

Toutes les Ontariennes et tous les Ontariens comptent sur les diplômés collégiaux.

Les diplômés des collèges publics de l’Ontario font partie intégrante de la résolution des pénuries de main-d’œuvre bien connues et pressantes dans les domaines de la santé, de la garde d’enfants, de l’automobile, des soins dentaires, des métiers spécialisés, des transports, de la construction, de l’énergie, de la fabrication et bien plus encore. Ils jouent également un rôle clé dans les industries régionales et locales – mines, agro-industrie, tourisme, hôtellerie, aviation – parmi bien d’autres. Collèges Ontario exige donc instamment une consultation sérieuse avec la province, car une approche nationale ne permettra certainement pas de prendre en compte d’importants moteurs économiques. En termes simples, cette politique réduit la disponibilité des travailleurs qui soutiennent l’économie et la prospérité de l’Ontario.

Au cours des derniers mois, Collèges Ontario a fait part de manière proactive à IRCC de ses réflexions sur les solutions proposées afin d’établir des voies d’accès plus solides pour les étudiantes et étudiants étrangers souhaitant étudier dans les métiers spécialisés. Nous avions espéré pouvoir collaborer afin de trouver des solutions. Le ministre Boissonnault a expressément mentionné les graves pénuries de main-d’œuvre qualifiée. Un tel changement de politique d’IRCC ne fait rien pour répondre à ce besoin pressant. La suppression des possibilités d’emploi exacerbera les pénuries de main-d’œuvre, freinera la croissance économique et nuira à la capacité de la province d’être concurrentielle à l’échelle mondiale.

Cette décision ne tient pas compte non plus du besoin urgent de l’Ontario en professionnels de la santé. L’année dernière, plus de 1 800 étudiantes et étudiants étrangers se sont inscrits à des programmes de formation professionnelle, et près de 1 000 ont étudié afin de devenir infirmières et infirmiers auxiliaires – des travailleurs essentiels du réseau de santé de l’Ontario. Plus de 4 500 étudiantes et étudiants étrangers sont inscrits à des programmes d’éducation de la petite enfance, un groupe clé qui contribue à répondre aux besoins des Ontariennes et Ontariens en matière de garde d’enfants. Sans eux, ces secteurs seront soumis à de nouvelles pressions et il sera alors plus difficile pour les Ontariennes et Ontariens de trouver des services de garde d’enfants et des soins de santé abordables à proximité de leur domicile.

Dans le cas des grades – par exemple, les grades de soins infirmiers – les critères de qualité sont activement réglementés par la province. Une étudiante ou un étudiant en soins infirmiers d’un collège doit répondre exactement aux mêmes critères d’agrément que celle ou celui d’une université. Alors pourquoi l’étudiante ou l’étudiant inscrit à un programme collégial ne pourrait-il pas obtenir le même permis de travail que celle ou celui inscrit à un programme universitaire?

Toute la population ontarienne sera touchée par ce choix politique.

Nous sommes très préoccupés par le manque de consultation avec les provinces et par l’utilisation de données nationales sur le marché du travail afin de déterminer les besoins des employeurs locaux.

Nous demandons instamment au gouvernement fédéral de collaborer avec la province afin de s’assurer que les besoins des Ontariennes et des Ontariens soient pris en compte dans le cadre de ce nouveau système de permis de travail.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes salutations distinguées.


Marketa Evans,
Présidente-directrice générale