Déclaration des collèges publics de l’Ontario sur le plafond imposé aux permis d’études

Le plafonnement par le gouvernement fédéral des permis d’études pour les étudiantes et étudiants étrangers est essentiellement un moratoire « discret », lequel provoque déjà des bouleversements importants et inutiles pour les étudiantes et étudiants, les employeurs et les communautés.

Le gouvernement fédéral n’a pas consulté les collèges publics de l’Ontario sur ces changements importants et la décision a été prise à la hâte, ce qui a entraîné une mise en œuvre hâtive, confuse et préjudiciable. Nous demandons instamment au gouvernement fédéral d’amorcer immédiatement, avec nous et notre gouvernement provincial, une conversation sérieuse sur les conséquences matérielles pour les étudiantes et étudiants et la réputation du Canada.

Nous sommes d’avis que cette approche brutale ne tient pas suffisamment compte des besoins en talents de la province de l’Ontario – et ne tient pas compte des milliers d’étudiantes et étudiants qui seront désormais laissés dans l’incertitude et dont les espoirs sont en suspens.

Les collèges publics de l’Ontario sont très préoccupés par les attaques contre un réseau collégial public performant et efficace, lesquelles ont une incidence sur notre réputation et sont susceptibles d’avoir des répercussions négatives à long terme. 

Nous avons déjà travaillé de manière constructive avec la province sur bon nombre de ces questions. 

Absence de consultation et chaos pour les étudiantes et étudiants

Les changements apportés par le gouvernement fédéral créent des problèmes pour les étudiantes et étudiants MAINTENANT.

Le gouvernement fédéral n’a pas reconnu que les collèges publics accueillent des étudiantes et des étudiants tout au long de l’année, une pratique spécialement conçue pour répondre aux besoins des employeurs. Les collèges travaillent tout au long de l’année, car la demande de personnes supplémentaires sur le marché du travail se fait tout au long de l’année. Cela signifie que des étudiantes et des étudiants sont déjà bien engagés dans le processus de demande d’admission, prêts à débuter, dès mai, des programmes destinés à des secteurs clés de l’économie de l’Ontario.

Le processus du gouvernement fédéral est trop précipité. L’exigence immédiate d’une lettre d’attestation du gouvernement provincial interrompt actuellement le traitement de toutes les demandes de visa étudiant, car le gouvernement provincial ne dispose actuellement d’aucune procédure pour produire de telles lettres.

Ce nouvel obstacle administratif inattendu a plongé les étudiantes et les étudiants dans le chaos le plus total. L’ensemble du réseau ontarien est immobilisé.

Les étudiantes et étudiants qui ont déjà été acceptés à des programmes – et qui ont versé les droits d’inscription à ces derniers – se voient aujourd’hui renvoyer leur demande de permis d’études, et ce, souvent sans aucune explication ni solution. Cette situation totalement arbitraire aurait pu être évitée.

DEMANDE IMMÉDIATE : Les collèges publics de l’Ontario demandent au gouvernement fédéral de retarder la mise en œuvre de l’exigence d’une lettre d’attestation jusqu’à ce que les provinces puissent mettre en place un processus. Ce n’est que justice pour les étudiantes et étudiants et les employeurs qui comptent sur eux. 

Demande du marché du travail

L’Ontario ne peut pas se développer, attirer des investissements et répondre à ses besoins en matière de talents sans diplômés de l’enseignement supérieur.

Les diplômés collégiaux répondent à des besoins essentiels dans des secteurs tels que la fabrication de pointe, l’exploitation minière, l’industrie des véhicules électriques, la petite enfance, les soins de santé, la construction de logements et d’autres secteurs dont notre économie est tributaire.

Environ 25 % de tous les emplois actuellement vacants en Ontario requièrent des personnes titulaires d’un diplôme universitaire.  On prévoit que 36 % des nouveaux emplois au cours des dix prochaines années nécessiteront des diplômés de l’enseignement supérieur.

Tous les ans, les collèges publics produisent plus de 27 000 diplômés des programmes de STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) – une augmentation d’environ 12 000 depuis 2016. Cela représente près de 50 % du nombre total annuel de diplômés de STIM dans la province.

En outre, la province de l’Ontario prévoit une pénurie de 8 500 éducatrices et éducateurs de la petite enfance d’ici à 2025-2026; or, les étudiantes et étudiants étrangers jouent un rôle important pour combler cette lacune. Les collèges publics de l’Ontario inscrivent actuellement quelque 4 500 étudiantes et étudiants étrangers à ces programmes, soit près de 50 % de l’effectif total.

Les exemptions accordées aux étudiantes et étudiants des programmes de maîtrise et de doctorat ne reflètent pas les demandes actuelles et futures du marché du travail de l’Ontario. Par exemple, 60 % des postes vacants dans le secteur de la santé en Ontario sont destinés à des diplômés collégiaux.

Nous savons que nous devons tous travailler davantage ensemble pour faciliter l’accès des étudiantes et étudiants étrangers aux domaines à forte demande.

Nous travaillons depuis des mois avec IRCC sur des solutions visant à moderniser les programmes de permis de travail postdiplôme, afin d’améliorer l’accès des étudiantes et étudiants aux métiers spécialisés, aux soins de santé et à d’autres secteurs en demande, en accordant une attention particulière aux régions rurales et au nord de l’Ontario, ainsi qu’aux communautés francophones. 

Nous sommes impatients de reprendre ce dialogue avec le ministre. Il s’agit d’une responsabilité partagée et les collèges de l’Ontario ont été – et continuent d’être – à la table de négociation avec des solutions constructives et proactives.

DEMANDE IMMÉDIATE : Les collèges publics de l’Ontario demandent au ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, d’entamer immédiatement un dialogue constructif avec la province et les collèges publics de l’Ontario au sujet des exemptions pour les étudiantes et étudiants inscrits à des programmes à très forte demande – non seulement pour les étudiantes et étudiants de maîtrise et de doctorat. Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada doit collaborer avec les collèges publics afin de supprimer les obstacles qui empêchent un plus grand nombre d’étudiantes et étudiants de s’inscrire à des programmes à très forte demande.

Les programmes d’études supérieures des collèges puisent dans le même vivier de talents – des diplômés étrangers de grande qualité titulaires d’un diplôme de premier cycle. Toutefois, les programmes d’études supérieures des collèges publics présentent l’avantage supplémentaire d’offrir aux étudiantes et étudiants la formation pratique et l’apprentissage expérientiel en Ontario leur permettant d’intégrer rapidement le marché du travail.

DEMANDE IMMÉDIATE : Les collèges publics de l’Ontario demandent au gouvernement fédéral de traiter les diplômes d’études supérieures des collèges publics de la même manière qu’il traite les diplômes d’études supérieures des universités, et de les exempter du plafond

Incidence sur la réputation et assurance de la qualité

Le ministre Miller a pris la décision de plafonner les permis d’études de l’étranger sans consulter les collèges publics de l’Ontario.

L’annonce unique du ministre constitue un instrument rudimentaire qui nuira considérablement aux bons acteurs de la formation collégiale et risque de contribuer très peu à freiner les mauvais acteurs.

Contrairement à l’impression créée par l’annonce du gouvernement fédéral, les collèges publics de l’Ontario sont fortement réglementés et fonctionnent selon les normes les plus strictes.

Depuis nombre d’années, les collèges de l’Ontario travaillent en collaboration avec la province sur des mesures significatives visant à renforcer l’assurance qualité et à améliorer la stabilité financière du réseau.  Nous avons réalisés des progrès significatifs à ce chapitre et nos efforts se poursuivent. Nous sommes sans cesse à la recherche de moyens d’améliorer les choses. Toutefois, cet instrument rudimentaire n’est pas le moyen d’améliorer la qualité du réseau collégial public.

Tous les collèges font l’objet de vérifications d’assurance qualité régulière effectuées par une agence d’assurance qualité indépendante et reconnue à l’échelle internationale.

Les nouveaux programmes sont élaborés en consultation avec des comités consultatifs composés de chefs d’entreprise de la communauté et chaque collège est responsable devant un conseil d’administration et devant le gouvernement provincial. Les collèges rendent régulièrement compte de leurs états financiers et sont tenus de respecter les paramètres établis dans les ententes de mandat stratégiques de la province.

Les collèges publics doivent soumettre des demandes à la province pour développer de nouveaux programmes donnant droit à un diplôme, alors que les nouveaux programmes menant à un grade doivent être approuvés par la Commission d’évaluation de la qualité de l’éducation postsecondaire de la province et par le gouvernement provincial.

Les collèges publics de l’Ontario ont également introduit de nouvelles normes de pratique destinées à renforcer les programmes et le soutien offerts aux étudiantes et étudiants étrangers.

Nous attendons avec impatience d’autres visites du ministre Miller sur les campus de nos collèges publics afin d’en apprendre davantage sur la nature de la formation collégiale publique en Ontario.

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Les mesures annoncées par le gouvernement fédéral auront des répercussions négatives massives et durables sur les communautés de l’Ontario. Nous commençons à peine à en comprendre l’étendue de l’incidence sur les étudiantes et étudiants canadiens, les programmes, les services et les campus. 

Il est essentiel que les collèges publics de l’Ontario soient bien équipés afin de continuer à offrir aux étudiantes et étudiants une formation postsecondaire de haute qualité.

Les 24 collèges publics forment des étudiantes et des étudiants dans quelque 200 communautés et ils fonctionnent selon les normes de qualité les plus élevées qui soient, et ce, tant pour les étudiantes et étudiants étrangers que canadiens. Dans de nombreuses communautés, nos programmes constituent la porte d’entrée la plus abordable et la plus accessible pour accéder à la formation et aux études postsecondaires.

Nos droits de scolarité annuels s’élèvent en moyenne à environ 2 700 dollars pour une étudiantes ou un étudiant canadien. Nos étudiantes et étudiants – tant canadiens qu’étrangers – ont tendance à être plus âgés, beaucoup d’entre eux n’étant pas issus directement du secondaire. Dans de nombreuses communautés, les étudiantes et étudiants étrangers sont perçus comme une source essentielle et bienvenue de talents et de rééquilibrage des populations vieillissantes.

Le gouvernement de l’Ontario peut d’ores et déjà apporter de modestes changements afin de nous aider à stabiliser le réseau et à maintenir les programmes et les campus ouverts aux étudiantes et étudiants canadiens, alors que nous traversons cette période de perturbation. Ces mesures comprennent, notamment, l’approbation d’une modeste augmentation de 135 dollars des droits de scolarité annuels par étudiant et l’adoption de l’augmentation de 10 % des subventions provinciales recommandée par le groupe d’experts.