Déclaration de Marketa Evans, présidente-directrice générale de Collèges Ontario

L’annonce très préoccupante faite aujourd’hui par le gouvernement fédéral relativement aux restrictions supplémentaires imposées aux étudiants étrangers témoigne d’un parti pris évident de la part des universités. Ces restrictions supplémentaires ne feront qu’aggraver une crise déjà existante sur le marché du travail de l’Ontario. Sans diplômés collégiaux, l’Ontario est immobilisée.

Au cours des deux prochaines années seulement, l’on prévoit que les collèges publics de l’Ontario verront leurs revenus diminuer d’au moins 1,7 milliard de dollars en raison de ces restrictions.

Au bout du compte, de tels changements signifient que la main-d’œuvre sur laquelle les Ontariennes et Ontariens comptent ne sera pas au rendez-vous. Les collèges de l’Ontario forment la main-d’œuvre nécessaire afin de construire les logements dont on a désespérément besoin, de répondre aux besoins en matière de soins de santé et de créer des emplois grâce à des filières de talents cruciales pour l’économie de l’Ontario, notamment la construction, les VE, l’énergie nucléaire, la fabrication de pointe, les sciences de la vie et de la santé et l’exploitation minière. Le réseau des collèges publics de l’Ontario ne peut pas être coupé au niveau des genoux comme cela. Avec la baisse du nombre d’étudiants étrangers et les restrictions budgétaires qui en découlent, les collèges devront réduire leur offre de programmes ou les annuler complètement, ce qui signifie que les étudiants canadiens n’auront pas la possibilité d’étudier dans des programmes nécessaires pour faire face aux graves pénuries de main-d’œuvre.

Nous demandons instamment à la province et au gouvernement fédéral de collaborer afin de veiller à ce que les programmes à forte demande dont dépendent l’Ontario et les Canadiennes et Canadiens ne s’effondrent pas.

Entre-temps, nous collaborerons avec le gouvernement provincial afin de l’aider à maintenir le cap et minimiser le chaos qui ne manquera pas de s’ensuivre, et ce, tant pour les étudiants étrangers qui étaient enthousiastes à l’idée de venir ici pour recevoir une formation de classe mondiale, que pour les étudiants canadiens dont les programmes sont maintenant menacés. Ces développements soulignent le besoin pressant d’une action immédiate de la part de l’Ontario et du gouvernement fédéral afin de relever les défis financiers auxquels sont confrontés les collèges publics et assurer la stabilité pour les Ontariennes et les Ontariens.

Exemples d’impacts :

  • Les collèges de l’Ontario perdent actuellement du financement pour chaque étudiant canadien qu’ils accueillent, nécessitant ainsi l’inscription d’étudiants étrangers afin de maintenir à flot des programmes essentiels.
  • Les programmes les plus à risque sont ceux à coût élevé dont la main-d’œuvre ontarienne a besoin en technologie, en soins de santé et dans les métiers.
  • Les étudiants étrangers sont essentiels pour remédier à la pénurie de soins de santé en Ontario. L’an dernier, quelque 1 800 étudiants étrangers suivaient des programmes de formation professionnelle et près de 1 000 étudiaient pour devenir infirmières/ infirmiers auxiliaires.
  • Avec plus de 4 500 étudiants étrangers actuellement inscrits à des programmes d’EPE, ces changements fédéraux risquent d’aggraver encore la pénurie d’éducateurs de la petite enfance dans la province.
  • Avant les modifications apportées par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, les étudiants étrangers représentaient près de 40 % des inscriptions aux programmes essentiels de métiers spécialisés, de construction, d’industrie et de fabrication en Ontario.
  • Ces étudiants constituent un élément clé du vivier de talents permettant de répondre aux besoins de l’Ontario en matière d’industrie et d’infrastructure, notamment les techniciens en soudage et en fabrication (où ils représentent 40 % des étudiants), les techniciens en génie minier (70 % des apprenants proviennent de l’étranger) et les systèmes de génie des bâtiments (50 % des étudiants de techniques sont des apprenants étrangers).
  • Il s’agit d’un choix politique. Le taux d’investissement de l’Ontario au chapitre des étudiants des collèges publics est le plus faible du Canada, soit environ la moitié de ce que reçoivent les étudiants des autres provinces.